Marathon de Berlin
Me revoilà donc en fin de préparation prêt à affronter une nouvelle fois monsieur marathon lors d'un nouveau petit week-end à l'étranger. Il ne s'agit pas de n'importe quel marathon cette fois-ci puisque nous parlons de Berlin, le marathon des records du monde, qui une fois de plus tiendra ses promesses... Notre petit groupe longue distance n'est pas au complet, François en Chine, Pascal et Sandra se réservant pour Chicago et les Chartrains ayant fait l'impasse... Benj vient chercher les - de 3H00, Katia les - de 3H20, Laurence les - de 3H30, James espère prendre le départ et j'espère bien passer sous 2H45 et pourquoi pas 2H40. Fabrice a rejoint le groupe pour l'occasion et espère accrocher les 3H00. Caro et Jack, nos supporters modèles sont en pleine forme pour immortaliser l'évènement...
Le vol aller se passe bien et ne génère pas de stress excessif chez moi... C'est un temps clément qui nous attend sur Berlin et la course se présente sous les meilleures augures. Le petit footing du vendredi soir a rassuré les participants sur leur état de forme et James sur l'état de sa cuisse...Le samedi est passé à attendre le dimanche : pas forcément intéressant d'arriver aussi tôt pour un déplacement aussi court, autant mettre cette journée après le marathon pour une prochaine fois...
Et puis le dimanche arrive enfin après une nuit correcte sans stress excessif et la situation de l'hotel nous permet de ne pas nous lever trop tôt. Je mange 2 petites barres de céréales en fin de nuit en espérant ne pas le regretter à 08H45 au moment du départ.
Photo de groupe à l'hotel puis départ à 07H20 pour la ligne, on on nous a promis un beau bazarre avec le renforcement des mesures de sécurité. Il n'en est rien, nous sommes rapidement à l'entrée de notre sas sous un temps parfait et à quelques pas de la ligne. L'organisation est au top, reste à voir si nous le serons aussi...
Nous sommes dans le sas B avec Benj, James et Fabrice et il ne nous faut donc que quelques secondes pour passer la ligne après le coup de pistolet. Je pars au feeling sans me soucier du GPS derrière 3 israéliens qui ne vont pas tarder à filer loin devant. Garmin me donne 3'50" et 3'52" pour K1 et K2 et la densisté de coureurs est impressionnante à cette allure. Je suis un peu contrarié par ces temps un peu lents pour un départ et en plus j'ai des sensations moyennes dans les jambes. Garmin donne K3 et K4 en 3'43" et 3'47" mais je me rends compte qu'il y a déjà un décalage important avec les kilos je resynchronise : 16" à rajouter, je suis à 3'52"/k de moyenne. Durant toute la course les kilos sonneront trop courts, comme pour chacun d'entre nous d'ailleurs et je décide donc de ne plus regarder ma montre à partir de là. Je resynchronise simplement sur les passages des tapis tous les 5K. Les 5 premiers K en 19'20" et je continue sur ma lancée avec une confiance moyenne. Le 10k arrive assez vite : 38'49", j'ai à peine ralenti, les jambes sont toujours moyennes, je mange un petit bout de nougat mais ce n'est vraiment pas pratique en courant. Passage au 15 en 58'22", encore une petite seconde au kilo de perdue, je ne suis pas facile et ca m'inquiète mais je me dis que ca restera peut-être comme cela sans se dégrader? Le K20 en 1'17'56", stable, je sais que je ne vais pas tarder à voir Caro et Jack... et le semi. Je passe le semi d'abord : 1H22'10", nouveau coup au moral, d'expérience et vu mes sensations je sais que les 2H45 seront chères... Jack et Caro ensuite, je tente un sourire, je ne fais pas de commentaire, Caro m'a dit hier qu'elle n'aimait pas nous savoir passer en souffrance ou dans le doute. Et puis ca ne m'aidera pas de dire que ca va moyen...
Le K25 arrive en 1H22'47", encore 5" de perdues sur ces 5K... K27 et le début de la fin : un léger faux plat montant suffit à me casser les jambes, mon souffle se dérègle instantanément et j'attrappe même un léger point de côté. Les doutes du début de course, du passage au semi, les 15km encore à parcourir et l'impossibilité de me raccrocher au splits de Garmin comme j'avais pu le faire à Florence cassent tout esprit de résistance : j'accepte sans me battre la baisse d'allure, pire je lève le pied. Le K30 passe en 1H58'30", je viens de perdre 1', je ne le regarde même pas en fait, je réalise qu'en luttant je pourrais au mieux faire un temps voisin de Florence : pas suffisant pour accepter de souffrir autant. Je ne suis pas venu pour ça, je ne suis pas prêt pour ça, mon moral plonge avec les vagues de coureurs qui me dépassent sans interruption maintenant. A partir de là je marche à tous les ravitaillements accentuant encore un peu ma perte de temps, j'essaie de m'imposer de courir sans discontinuer au moins entre chaque ravitaillement. James me passe en m'encourageant vers le K35 alors que je suis à l'arrêt en train de boire et manger mon deuxième bout de nougat et que le speaker de la course est en train de dire mon nom et de m'encourager. Je suis agréablement surpris, je ne pensais pas qu'il puisse aller au bout avec sa blessure et son manque de préparation. Il disparait rapidement de ma vue, et ce n'est qu'après course qu'il m'expliquera que nous avons fait toute la première partie de la course dans un mouchoir de poche
Je me remets en marche, plutôt en footing en espérant que les kilomètres passent plus vite, alternant arrêts et course. K36,5 et je passe Caro et Jack sans lever la tête, sans commentaire...
Je calcule que je vais terminer en 2H57' à ce rythme et un pensée d'inquiétude me traverse : Benj devrait lui aussi m'avoir dépassé ou le faire très vite pour atteindre son objectif. Je passe le K40 en 2H43'34" et pense arriver en 2H54', ca me rassure un peu pour Benj, il n'est pas obligé de me doubler pour passer en moins de 3H00! Les 2 derniers kilos passent plus vite et je coupe finalement la ligne en 2H53'09". Je retrouve James encore impressionnant en 2H49'37" et Benj nous rejoint avec le graal dans la poche : 2H54'34". Enorme! Katia arrive avec son record et son objectif dans la poche : 3H19'28" tout comme Laurence avec 3H28'04". Nous sommes rejoint par Fabrice qui a également surperformé : 2H56'52"!
L'ambiance est excellente, je ne ressens même pas de déception mais plutôt curieusement du soulagement. Nous sommes félicités depuis la Chine par François et la fin du WE est consacrée à fêter comme il se doit ces succès.
Les vainqueurs du jour et le nouveau recordman du monde sont également bien félicités lorsque nous les croisons à l'aéroport lundi soir.
Avec le retour en France le soulagement à disparu et la déception, voire une certaine forme de tristesse, commencent à m'envahir. Je sais que la prochaine occasion de m'améliorer est lointaine et que les prochains mois ne me redonneront pas l'occasion de tenter ma chance, surtout dans d'aussi bonnes conditions. C'est le temps de l'analyse, de la recherche des causes de l'echec qui commence, les pistes sont nombreuses et le marathon toujours pas dompté! Je n'ai pas la même colère qu'après NY en 2009 mais la même envie de retourner à l'entrainement pour faire mieux... sur du court pour l'avenir proche en tout cas et je l'espère avec des records cette fois.